Pour nos débuts
officiels à la scène, nous allions affronter le pire des
auditoires qui soit.
Celui qui mesure la réussite de sa soirée au nombre de verres
éclusés. Celui
plus soucieux du contenu de son assiette
que du programme artistique proposé. Celui là même
qui commande bruyamment les cafés au couplet d'une chanson, les
digestifs au second, l'addition au troisième, puis qui attend patiemment
le beau milieu d'un refrain, se lève, enfile son vison à
sa secrétaire préférée, et quitte l'établissement
sans la moindre discrétion, afin d'asseoir un peu plus son statut
de "public-roi".
Drôles, poétiques,
tendres, satiriques, dérangeantes: tels étaient les qualificatifs
auxquels devaient répondre les oeuvres du trio.
Zan, dont les influences allaient des Beatles à Tchaïkovski
en passant par Mozart et les Stones, se confia fort logiquement la responsabilité
de la création musicale et vocale.
Zil, disciple de Jacques Brel et redoutable danseur de tango renversé,
devint le soliste du groupe - situation idéale pour défendre
les textes qu'il avait lui-même écrits -.
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Passionné de jazz, ayant appris la
basse et le solfège avec un vieux professeur (remarquable violoniste
de surcroît) qui consacra sa vie à ce métier, certes
magique, mais ô combien ingrat qu'était celui du spectacle,
Zoul fut chargé d'occuper le centre de la scène - ce qui lui
valut le surnom de sauvage central -, d'exécuter quelques "waouhs"
en guise de choeurs tout en s'appliquant sur sa grosse dame comme aurait
pu le faire un enfant sur son cahier de classe. |