Nous venions de stopper notre véhicule près de l'accès menant au plateau sur lequel nous devions honorer le second d'une série de sept contrats signés avec le haut responsable parisien d'un organisme de vacances dont les centres étaient situés à l'intérieur d'une zone n'excédant pas cinquante kilomètres à sa périphérie.
        Cinquante kilomètres, grosso modo cinquante minutes: nous avions eu tout loisir de déjeuner en compagnie des spectateurs ayant assisté, la veille, à notre représentation.
 Dès notre arrivée, vers cinq heures, nous nous attelâmes au déchargement du matériel puis à son installation sur la scène. Zoul, Zan, Pat et Kiro au labeur, Zil aux latrines. Balances de son, réglage minutieux d'un contre-jour sur un point supposé (Zil s'était égaré en sortant des vécés), accouplement des ambiances perpétrées par les huit gamelles de 500 watts venant d'être libérées de leurs malles capitonnées, ultime mise en espace par souci d'esthétisme, dîner, concert, saluts, rappels, rangement: Zoul, Zan, Pat et Kiro au labeur, Zil aux relations publiques. Pour clore: fin des débats dans les cuisines du village.
 Jouant habilement de la prunelle, le poète nous gratifia, à l'occasion, d'une fabuleuse tirade zodiacale:

-Je suis Scorpion, ascendant Scorpion. Dès que le carré de Saturne sera égal à la somme des carrés d'Uranus et de Jupiter, Mercure entrera en contact avec Vénus et nous pourrons ainsi faire plus ample connaissance ! dit-il à une admiratrice, entre deux tranches de mortadelle, une salade composée, un ballon de Beaujolais et les douces volutes des intoxiqués de la gauloise, à tout jamais maudits par le benjamin du trio, l'écologiste convaincu, l'ami des bronches; en clair: l'homme qui, à juste titre, revendique le droit de respirer.

     Aux aurores, nous avions épuisé une foultitude de sujets aussi divers que l'astrologie, la religion, la politique, l'amour, l'humour, l'hypocondrie latente de notre bassiste, la vie sexuelle chez les fourmis, les vers à soie, les coccinelles et les manchots. Une grosse grasse matinée s'imposait.
        Rendez-vous fut pris, à midi, au bar, pour une dernière dédicace.